Etude d'une population d'oiseaux par le baguage
près d'Orléans (France)
Ringing birds on the edge of the river Loire (France)
Lionel FREDERIC
Accenteur mouchet Prunella modularis
La majorité des oiseaux capturés sont des migrateurs et des hivernants venus d'ailleurs (deux contrôles anciens en Norvége sont connus).
Mais voici trois contrôles de jeunes accenteurs - bagués durant leur premier été - qui illustrent la sédentarité des natifs du secteur.
L'accenteur n°496, jeune bagué le 5 septembre 2011, était toujours présent le 29 janvier 2012 au même endroit. Il est à nouveau contrôlé au début de l'hiver suivant, le 24 novembre (446 jours de port de bague).
L'accenteur n°873, jeune bagué le 5 septembre 2010 durant sa mue postjuvénile, il a été contrôlé le 27 mars 2011 (203 jours), à moins de 500 mètres du lieu de baguage.
Quant à l'accenteur n°473, jeune bagué le 4 septembre 2010 durant sa mue postjuvénile, il a été contrôlé le 18 octobre 2014 (1140 jours) dans sa quatrième année civile.
Accenteur mouchet, jeune avant la mue postjuvénile - 31 mai (L.Frédéric)
Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes
"Ligne de vie" du Troglodyte n°668 :
Né en 2007, ce jeune troglodyte est bagué le 4 mai 2008. Devenu mâle adulte, il possède alors un territoire qu'il occupera jusqu'à l'automne. On y retrouve sa trace le 5 octobre, date à laquelle il a terminé sa mue postnuptiale.
En 2009, il niche toujours sur le site mais pas sur le même territoire : il a déménagé de 350 mètres vers l'aval.
Le 16 août, il est en pleine mue postnuptiale (50 % de ses rémiges sont en train de croître). L'élevage des jeunes, la mue et la chaleur l'éprouvent quelque peu : il ne pèse que 9,5 grammes au lieu des 10-10,5 lors des autres captures.
Il conserve ce territoire en 2010 et le revendique toujours le 27 mars 2011, date de son dernier contrôle.
Il est alors dans 5ème année civile et entame sa 4ème saison de reproduction.
A ce jour, j'ignore s'il a survécu au coup de froid de février 2012.
Sédentaire le Troglodyte ? Pas si sûr !
Pour lui comme pour les autres troglodytes nicheurs, je n'ai pas encore obtenu de contrôles en plein hiver (dates extrêmes pour les contrôles de nicheurs locaux : 6 mars - 6 décembre), comme si cette population hivernait ailleurs. Idem chez les jeunes : le contrôle le plus tardif est celui d'un jeune bagué un 15 août en pleine mue postjuvénile et contrôlé le 7 novembre suivant.
Quant aux hivernants bagués entre mi-décembre et février, ils n'ont jamais été contrôlés en période de reproduction !
Voir à ce propos le blog du CRBPO.
Troglodyte mignon, adulte - 17 octobre (J.Dumont)
Mésange à longue queue Aegithalos caudatus
Les Mésanges à longue queue vivent en groupes multifamiliaux - appelées rondes - durant une grande partie de l'année.
Le baguage montre que ces rondes occupent un territoire précis, font preuve de «fidélité» et ne se mélangent pas : pour l’heure, aucune mésange n’a été prise dans deux grandes groupes distincts.
Certaines rondes ont leur rayon d’action centré sur le périmètre étudié. Elles fournissent alors de nombreux contrôles, tandis que d’autres, sans doute limitrophes, n’en livrent aucun. Exemple pris au sein de 2 rondes « centrées » sur le site et totalisant 25 individus capturés : le taux de contrôle a été de 48 %, avec 11 contrôles à moins d’un an et 2 à plus d’un an (532 et 800 jours).
La fidélité va d’ailleurs au-delà d'une même saison : 2 jeunes faisant partie de la même ronde (fratrie ?) baguée en juin 2009, ont été contrôlés toujours dans la même ronde 18 mois plus tard en décembre 2010 !
Les rondes se disloquent en février, quand les nicheurs, probablement sédentaires, commencent à construire.
Mésange à longue queue (C.Maurer)
Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus
Ce bruant est connu pour être un migrateur partiel à l'échelle de l'Europe.
Le baguage permet une vision fine de ce que cela signifie à l'échelle de notre site.
Les nicheurs locaux, en effet, n'hivernent pas sur place. Je n’ai pas encore obtenu de contrôles de nicheurs en décembre et janvier (dates extrêmes : 26 novembre - 10 février). Peut-être préfèrent-ils rejoindre les clairières à molinies de Sologne, ou d'autres régions encore plus éloignées.
Mâles et femelles reviennent courant février et se cantonnent dès la première décade de mars.
La plupart s'éclipsent juste après la nidification et avant la mue postnuptiale. Seule une petite proportion des adultes restent jusqu'à la fin de l'automne pour muer.
Leurs jeunes, au contraire, restent volontiers sur le site pour effectuer leur première mue avant de partir, eux aussi, avant l'hiver. Ils reviennent au printemps suivant pour nicher, fidèle à leur lieu de naissance.
Durée maximale de port de bague : 1100 jours soit 3 ans et 4 jours (femelle nicheuse dans sa 6ème année civile au moins).
Les hivernants arrivent en octobre-novembre (du nord-est de l'Europe ?) et séjournent en nombre variable, en fonction des ressources alimentaires. Jusqu'à fin janvier, ils se déplacent en bandes lâches. Ils se dispersent en février puis disparaissent durant la première quinzaine de mars.
Bruant des roseaux, mâle - 15 mars ( J.Dumont)
Référencement bibliographique :
FREDERIC L. (2018), "Etude d'une population d'oiseaux par le baguage. Avifaune des bords de Loire près d'Orléans" : www.lioric.com. Tous droits réservés.